Grégory Baudouin, Président Cercle Jean Moulin : « Comme un bruit de Lysander dans la nuit »

19 mars. Demain sera célébré le 19 mars. D’aucuns penseront automatiquement au 19 mars 1962, date que ne reconnait pas un certain nombre de fédérations d’anciens combattants ni l’Union Nationale des Parachutistes. Le conflit algérien a donc pour particularité d’avoir deux commémorations officielles, le 19 mars et le 5 décembre.

Le 19 décembre : c’est aussi à cette date qu’il y a 70 ans se posait la nuit, dans un champ, un avion monomoteur, un Lysander, avec à son bord Christian Pineau, chef du réseau Phalanx, le Général Delestraint, chef de l’armée secrète, et un inconnu dénommé Jean Moulin, Délégué Général du Général de Gaulle. Celui qui deviendrait Max avait une mission simple : unir la Résistance et créer le Conseil de la Résistance (c’est ainsi que Jean Moulin appela ce Conseil qui deviendra plus tard le CNR, Conseil National de la Résistance).

L’europe était à feu et à sang. La Résistance commençait à se lever, à s’organiser afin de faire taire la violence, l’intolérance, le racisme, l’antisémitisme. Pour faire taire ceux qui criaient aux lois liberticides quand il s’agissait de tenter de les museler. Les Démocrates, les Républicains, les Patriotes ont bien tenté de les museler. Ils savaient où, quand et comment cela avait commencé ; ils ne savaient pas où mais surtout quand, ni comment cela allait se terminer.

Aujourd’hui nous savons, et le devoir de Mémoire nous impose de transmettre et de nous battre. Depuis, les enfants de fait du fascisme, du nazisme, du franquisme, du maréchalisme et tous ceux prônant aujourd’hui l’intolérance sous quelque forme que ce soit (antisémitisme, homophobie, islamophobie…) ont bien grandi, profitant des crises et de la veulerie des pseudos républicains et des pitoyables pleutres qui vous font de grands discours de marionnettes qu’ils sont. Ces enfants de fait seront les premiers à jouer les victimes, vous retournant le prétexte que c’est vous le liberticide les empêchant de parler. Sous couvert de liberté de parole, fallait-il laisser la liberté de parole à Hitler ? Ils utiliseront les médias, le net pour faire passer leurs diarrhées verbales, ils utiliseront les nouvelles technologies afin de faire pression sur vous, avant d’en arriver dès qu’ils pourront aux pressions physiques, leur niveau intellectuel étant inversement proportionnel à leur violence. Ils utiliseront tous les moyens spécieux afin d’arriver à leurs fins : vous faire peur ou vous faire parler, comme le fit Barbie avec Jean Moulin et tant d’autres.

La gueuze, telle qu’ils l’appelaient, a toujours su se lever et s’ériger en rempart. D’aucuns vous feront de grands discours, d’autres vous feront adopter des manifestes dans des associations, des collectifs, des partis, des syndicats ou des fondations ; mais combien iront à la bataille, combien tireront au flanc quand siffleront à leur oreilles les balles ou les battes de base-ball ? Il y a les diseux et les faiseux. Les faiseux savent perdre une bataille pour mieux repartir à l’affrontement. Les diseux et les enfants de la bête immonde gagneront toujours des guerres, chacun s’enorgueillissant d’une victoire dont ils n’ont pas vu un combat. Les faiseux ont toujours eux des chefs, des vrais, qui ont su les mener au combat jusqu’au sacrifice ultime, d’eux-mêmes s’il le fallait et sans hésitation. Les généraux  Delestraint, de Gaulle, Bigeard furent de ceux-ci. Jean Moulin en fut aussi comme tous ces anonymes qui ont fait l’Histoire de France. Ils ont fait que la France et la République sont ce qu’elles sont aujourd’hui.

Mais une question me vient à l’esprit : cette guerre contre la bête s’arrêtera t- elle un jour du fait de la victoire finale, ou le ventre de la bête sera-t-il toujours fécond ? ….