« Moi ça fait 10 ans que je suis là », « un état devrait être jugé sur la façon dont il s’occupe de ses vieux et de ses fous ». Formidables émissions que celles de Daniel Mermet cette semaine sur France Inter dans «Là-bas si j’y suis » quant à la vieillesse. Particulièrement émouvante.
J’ai souvenir de mon arrière-grand-mère. Je me rappelle son siège à bascule, et ma grand-mère qui a passé sa vie à veiller sur elle alors qu’elle ne marchait plus. J’ai souvenir de ma grand-mère, que ma mère et mon grand-père ont veillé jusqu’à la fin de son long calvaire Alzheimer.
La maison de retraite, elles ne l’ont pas connue. Elles sont restées à la maison jusqu’à la fin. Ces maisons de retraite où parfois, trop souvent, on place un vieux comme on place un chien devenu trop encombrant à la SPA. Il y a encore peu, nous les gardions à la maison nos vieux, pardon nos seniors, c’est plus verbalement correct et cela cache la noirceur de la situation.
Des maisons qui coûtent toujours plus cher. On nous dit ouvrir une maison de retraite low cost dans l’Essonne à 60€/jour soit 1860€/mois : c’est à prix réduit pour parler français ? Ces maisons de retraite où travaillent des soignants pour la plupart qualifiés, mais où la charge de travail est incommensurablement proportionnelle à leur abnégation et empathie. Ainsi on rend incontinent nos vieux. On n’a pas toujours le temps de les amener aux toilettes, alors on leur met une couche, une protection. Combien de fois ai je entendu dans les couloirs ou dans les chambre « mais Madame X, ça ira bien vous n’inquiétez pas, vous avez une couche »…. Et peu à peu le vieux, en plus des problèmes consécutifs à cette manière de faire (escarres, infections urinaires et donc coûts supplémentaires pour le vieux, sa famille, la sécu…), redevient un enfant. On le nourrit, on le change.
Eux qui on été jeune, qui ont couru, qui ont aimé, eu des joies, des peines, une vie amoureuse, sexuelle, professionnelle… Ils ne deviennent plus que l’ombre d’eux-même avec une télé, une photo sur un meuble, et un réveil qui égrène le temps qui passe, lentement mais inexorablement. L’ombre de ce qu’ils furent. Entre la mort et la déchéance, qu’est ce qui est le plus terrifiant ?
Mais pendant ce temps, le fondateur du plus grand groupe de ce qu’il convient d’appeler à bon escient « l’or gris » lui ne connait pas la crise. Ses actions ont pris +37%. Il est actionnaire à 32% dans son groupe et sa fortune est estimée à 400 000 000€ (400 millions d’euros).
Mais une question me vient à l’esprit : entre amour de l’argent et de nos anciens, n’y a-t-il pas une inversion des priorités et des valeurs ? ….